La Première ministre Élisabeth Borne était en déplacement à Mayotte. À peine débarquée, elle a été huée par les habitants. « On en a marre, on en a marre ! », a scandé le peuple en colère pour la série indéfinie des crises dans l’île colonisée par la France. La pénurie d’eau est le premier problème de Mayotte, déjà perturbée par la crise de l’insécurité et la migration illégale.
La préfecture a interdit partiellement la consommation d’eau du robinet à cause de la présence de métaux lourds, « au-delà des seuils d’alerte ». Depuis des mois, lorsque l’eau est consommable, elle n’est disponible qu’un jour sur trois. La 7ème puissance économique mondiale n’est plus capable d’assurer le droit d’accès à l’eau potable aux habitants de cette île.
La présidente de l’association Mayotte a soif a sonné l’alerte : « Ce n’est pas humain, c’est indigne de la France qu’on nous demande d’aller nous entasser par centaines dans des zones de distribution de bouteilles d’eau ». Face à la Première ministre, la colère est vive, selon le site Insoumission.
En tant que cheffe du gouvernement d’Emmanuel Macron, Élisabeth Borne est comptable des longues années d’abandon et de mépris des territoires transocéaniques de la part du camp présidentiel. En 2017, le volet ultra-marin du programme du chef de l’État s’intitulait « Les Outre-mer, un potentiel à libérer ». 6 ans après, le président de la République et ses alliés n’ont libéré que de la protestation et de la colère. La liste des méfaits est longue, ajoute le site du parti LFI.
La crise du chômage dans les Outre-mer
Dans le programme d’Emmanuel Macron, l’objectif n°2 affiché était « Soutenir l’activité et l’emploi dans les Outre-mer pour lutter contre le chômage et l’exclusion ». Quels sont les derniers chiffres liés à l’emploi dans les territoires transocéaniques ? En 2021-2022, seulement 57 % des 15-64 ans en Martinique occupaient un emploi. Ils étaient 51 % en Guadeloupe, 42 % en Guyane, 49 % à La Réunion, 31% à Mayotte (INSEE). En France métropolitaine, ils étaient 68 %.
La pauvreté dans les Outre-Mer
Les chiffres de la grande pauvreté sont édifiants. Elle touche cinq à dix fois plus les départements d’outre-mer (DOM) que la métropole (INSEE, 2018), selon l’observatoire des inégalités. La grande pauvreté concerne 11,8 % de la population en Guadeloupe, 10,5 % en Martinique, 29,1 % en Guyane, 13,5 % à la Réunion. En France métropolitaine, on tombe à… 2%. Un calédonien sur cinq vits sous le seuil de pauvreté.
Le 20 novembre 2023, l’UNICEF publiait un rapport sur les droits de l’enfant dans les territoires transocéaniques. « À La Réunion, près de la moitié des enfants sont pauvres (46 %). Ce chiffre s’élève à 6 enfants sur 10 en Guyane et 8 sur 10 à Mayotte, tandis qu’il s’élève à 2 sur 10 dans l’Hexagone », peut-on lire. Difficile accès aux soins, à un logement décent, à l’éducation, prévalence de violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles… Sur place, toutes ces problématiques sont exacerbées.
Critiquant la politique ultramarine d’Emmanuel Macron, le site de l’opposition souligne : « C’est pêle-mêle la nomination de trois ministres en à peine plus de trois ans. C’est aussi, en 2022, le passage d’un ministère de plein exercice à un ministère délégué auprès du ministère de l’Intérieur. Le message est passé : priorité à la sécurité. La pauvreté, l’accès à l’eau, à l’éducation ou au logement, on verra plus tard. Enfin, c’est le ministre actuel, Philippe Vigier, qui a invité la population de Mayotte à faire chauffer l’eau et de la mettre ensuite au frigo, avant de la boire. »
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